Dans le Bulletin Municipal n° 25, les moulins du village ont été évoqués, notamment celui situé sur le ruisseau de Lixing mais dont personne ne disposait à priori d'éléments.
Or il se trouve que ce 3ème moulin, placé dans un endroit un peu retiré dans le bas du village au lieu-dit « BACHGARTEN » aussi appelé « PARKMÜHLE », est actuellement le siège des autocars BRIAM-SOCHA.
L'entreprise, qui était installée au départ dans le haut du village au 8, rue de la Liberté dans un local appartenant aujourd'hui à la commune, se trouvant à l'étroit, acheta ce domaine le 27 mars 1953 à une famille juive MENDEL dont les héritiers habitaient STRASBOURG.
Ce terrain de plus de 3 hectares, débutant au mur d'enceinte, encore visible devant la maison des parents SOCHA et à l'entrée de l'entreprise, se terminait à la hauteur de la fin du lotissement de la Cité La Forge.
Pour y accéder, il n'existait qu'un chemin de terre qui partait de la rue de la République, en face de l'ancien Garage FOUCHS. Il était parallèle à la rue de Rouhling et traversait l'espace vert de la commune dont quelques arbres abritaient des bancs.
Au bout de ce chemin, on devinait le moulin tout en longueur et dans le même style que celui de Kleinblittersdorf, qui s'élevait sur 3 niveaux. Son fronton présentait une habitation bizarre, à colombages et en plusieurs parties, qui devait être, probablement, la maison du maître des lieux à une certaine époque. Cette construction abrita plusieurs locataires dont la famille SORANZO.
1950 Parkmühle
Le moulin était sinistré et abandonné, sans toiture ni vitres, comme les autres bâtiments aux alentours.
De vénérables châtaigniers et platanes occupaient une partie de l'entrée majestueuse. Sans doute, à une certaine époque, il a fallu les couper pour envisager toute construction. Ce sont les bûcherons italiens de la scierie COLMAN, encore installée sur le terrain de la centrale, qui s'en occupèrent en cassant beaucoup de scies, à cause des nombreux éclats d'obus fichés dans les troncs dont certains atteignaient près de 2 mètres de diamètre.
1950 Travaux Parkmühle
Puis une route d'accès bitumée fut réalisée jusqu'à la maison du maître des lieux, en attendant la construction des ateliers et bureaux en 1957/58.
1950 Travaux Parkmühle
Mais la toute première construction fut la maison de M. André SOCHA, au bord de la route de Rouhling, à gauche immédiatement après l'entrée. La famille y emménagea à Noël 1956.
En 1958, toute l'entreprise déménagea du haut du village et s'installa à la « Parkmühle » dans des locaux neufs et fonctionnels en disposant, en plus, d'une réserve foncière importante pour l'avenir.
André SOCHA pensait pouvoir réutiliser, dans un premier temps, le moulin pour y installer des bureaux et des appartements pour le personnel. Mais la vétusté du bâtiment, soumis aux intempéries depuis la guerre, n'était plus reconvertible. Il servit donc, pendant une période, de remise pour des pneus et des pièces détachées. Afin de préserver ce matériel, le propriétaire fit raser les 2 pignons du 3ème étage et poser une toiture.
1950 Parkmühle
En fait, dans ce bâtiment, il ne restait que les murs, un vieux monte-charge inutilisable et une surprenante et énorme glacière en bois, comme il en existait encore chez les bouchers du village après la guerre, avant l'arrivée des réfrigérateurs.
1950 Parkmühle Alain Socha
Ce moulin, d'une quarantaine de mètres de long, présentait une originalité pour son fonctionnement. En effet, il n'était pas situé les pieds dans l'eau, mais à une quinzaine de mètres du ruisseau, sa roue à aubes ne dépendant donc pas du Lixingerbach mais d'un canal spécifique.
Ce canal était alimenté par un réservoir, situé en amont dans un bassin à l'arrière de la gendarmerie actuelle et de la cité La Forge. Ce dernier était lui-même alimenté par un barrage avec vannes, situé sur le ruisseau, dont on apercevait, il y a peu de temps encore, quelques vestiges.
Le canal passait d'abord dans un fossé en terre. Puis en arrivant à l'arrière du moulin, du fait de la déclivité du terrain, il continuait dans un caisson en fer en longeant le bâtiment presque à la hauteur de son 1er étage. L'eau en tombant, actionnait une énorme roue à aubes qui existait encore en 1953. Cette roue était placée à l'opposé du ruisseau, en face des constructions actuelles de l'entreprise. Solution surprenante mais ingénieuse, dictée sans doute pour compenser les faiblesses de débit du ruisseau à certaines périodes de l'année.
L'évacuation de cette eau se faisait par un canal souterrain voûté qui débouchait sur le ruisseau et qui fonctionne encore pour récupérer les eaux des bâtiments actuels.
Toutes ces constructions environnantes furent détruites progressivement afin de permettre l'utilisation au mieux du foncier disponible pour l'exploitation de l'entreprise.
Différentes constructions ont été édifiées au fil du temps et sont toujours visibles.
En 1972, l'entreprise de travaux publics HANTZ de Sarreguemines, recherchant d'urgence des matériaux et gravats pour un chantier, proposa de se charger de la démolition du moulin et des dépendances qui subsistaient à un tarif très intéressant.
Ces travaux furent réalisés en quelques jours occasionnant une poussière exceptionnelle pour la simple raison que les murs, d'une épaisseur respectable de près d'un mètre, ne reposaient que sur des moellons à l'extérieur et que l'intérieur n'était pas rempli en pierre mais en matériaux divers voire de gravats.
Le plus surprenant, c'est que ces matériaux n'ont pas été transportés très loin.
En fait ils ont servi pour rehausser et remblayer le terrain situé après la centrale (station électrique) en vue de la construction du pont vers Kleinblittersdorf, réalisée beaucoup plus tard.
Un autre élément apparaît sur le plan du 13.08.1953, la programmation d'une route de contournement du village vers Forbach et Sarrebruck, qui aurait dû passer à la hauteur du court de tennis, de la gendarmerie et du nouveau lotissement du ruisseau pour déboucher vers le garage FINKLER. Quel gâchis si ce projet avait abouti, le village aurait été amputé d'une réserve foncière conséquente et ne présenterait pas le visage qu'il a aujourd'hui.
Il reste aujourd'hui quelques éléments de ce passé dans l'enceinte de l'entreprise. D'une part le dénivelé du terrain qui apparaît clairement et explique la position du canal qui approvisionnait la roue à aubes et, d'autre part, un restant de dalle au beau milieu de la cour qui était, en fait, une partie de la dalle du rez-de-chaussée du moulin.
Raymond SOCHA
30. 10. 2012