L’OSSUAIRE ou « S’GEBEINSHAUS »
Histoire du monument :
Les ossuaires sont des constructions couvertes, érigées dans les cimetières, pour y déposer les ossements. Tous les cimetières possédaient jadis un ossuaire.
Ces monuments trouvent leur origine dans le culte des morts, la foi en la résurrection et l’exiguïté des cimetières où l’on prélevait périodiquement les ossements lorsqu’on creusait de nouvelles fosses.
En France, les ossuaires se sont multipliés entre la fin du XVème siècle et le début du XVIIIème siècle au cours d’une période où la mort devenait plus omniprésente.
En Lorraine, le nombre d’ossuaires, estimé à 500, fut très élevé jusqu’à la fin du XVIIIème siècle. Aujourd’hui, ce patrimoine menacé n’en compte plus qu’une trentaine répartis dans les 4 départements lorrains.
L’ossuaire de Grosbliederstroff, dénommé aussi « Chapelle sur ossuaire », est le seul monument sous cette forme qui subsiste encore en Lorraine.
Cet édifice du XVIIIème siècle présente un beau décor de style rocaille, unique en Lorraine. Une date portée « 1779 » figure sur la clef d’arc central de la façade antérieure. La façade occidentale a été muré en 1895, rendant l’ossuaire inaccessible. Son intérêt artistique et historique a conduit les autorités compétentes à l’inscrire à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté préfectoral le 23 novembre 1987.
Description du monument :
Le monument comprend une ancienne chapelle au rez-de-chaussée qui se déploie sur un ancien ossuaire en sous-sol.
Entouré par le mur de clôture du cimetière, l’édifice de plan rectangulaire est couvert d’une toiture en pavillon, couverte d’ardoises fibrociment, amortie par des coyaux et ornée d’un épi de faîtage « réalisé par M.Nicolas Gérold le 6 mai 1947 pour l’examen de maîtrise dans le métier de ferblantier-installateur ».
Porté par deux colonnes corinthiennes, un auvent protège la façade antérieure en grès et son emmarchement en ciment. L’élévation est percée de trois baies couvertes d’arcs segmentaires moulurés, reposant sur des chapiteaux toscans. Les clefs des arcs sont ornées d’agrafes de style rocaille. Des sculptures en bas-reliefs, représentant des cranes et des tibias, se développent dans les écoinçons pour symboliser la vocation funéraire du monument.
La menuiserie de porte, sans intérêt primordial, est constituée de planches verticales bouvetées en bois résineux et renforcée à l’intérieur par une écharpe et deux transverses. Les deux baies ont conservé leurs barlotières et leurs feuillards horizontaux et verticaux, attestant la présence originelle de vitraux, remplacés aujourd’hui par des verres blancs imprimés. L’auvent est couvert d’un plafond disgracieux, constitué de panneaux de particules en bois, que l’on retrouver à l’intérieur de l’ancienne chapelle.
Les façades arrière et latérales sont aveugles. L’accès au sous-sol dans la façade occidentale a été muré en 1895, rendant l’ossuaire inaccessible.
A l’intérieur se développent de beaux décors de gypseries de style Louis XV sur lesquels se déploient des vestiges de décors peints. La composition symétrique des panneaux hauts et bas est rythmée par des pilastres dans les angles et dans les axes des façades intérieures orientales et occidentales. La façade septentrionale ne présente pas de décor de gypse au centre car elle devrait accueillir un autel.
Le carrelage se développe en partie centrale avec des pierres des octogonales et des bouchons en marbre noir et des dalles de bordures périphériques.
La charpente de la toiture en pavillon prend appui sur 4 sablières périphériques. Conforté à la base par 4 contrefiches, le poinçon central supporte 4 arêtiers. Au total, 24 empannons, et autant de coyaux, se développent sous le voligeage en sapin.